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Brandon Visca

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Auto-hébergement : Le guide ultime 2025 pour reprendre contrôle de vos données

Young woman in protective goggles soldering electronics on a workbench indoors.

Tu en as marre de payer Google, Microsoft et Apple pour stocker tes photos de vacances ? Fatigué de voir tes données personnelles transformées en carburant publicitaire ? Envie de comprendre comment fonctionne vraiment un serveur ?

Bienvenue dans le monde de l’auto-hébergement.

Spoiler : c’est moins compliqué que tu le crois, et une fois que tu auras goûté à la liberté d’héberger tes propres services, tu ne pourras plus revenir en arrière.

TL;DR : L’auto-hébergement en 3 points

  • C’est quoi ? Héberger soi-même ses services (cloud, mail, sites…) au lieu de dépendre de Google/Microsoft
  • Pour qui ? Débutants curieux, passionnés de tech, admins qui veulent apprendre
  • Budget ? De 0€ (vieux PC) à 50€/mois (VPS pro)

Sommaire :


L’auto-hébergement, c’est quoi exactement ?

L’auto-hébergement (ou « self-hosting » pour les anglophones), c’est le fait d’héberger ses propres services numériques sur du matériel qu’on contrôle, plutôt que de passer par des plateformes tierces.

Concrètement :

  • Au lieu de Google Drive 👉 Tu héberges Nextcloud
  • Au lieu de Gmail 👉 Tu héberges ton propre serveur mail
  • Au lieu de LastPass 👉 Tu héberges Bitwarden
  • Au lieu de Netflix 👉 Tu héberges Jellyfin avec ta bibliothèque perso

Pourquoi les gens s’y mettent en 2025 ?

1. Vie privée
Tes données restent chez toi, point final. Pas de télémétrie, pas d’analyse comportementale, pas de revente à des tiers.

2. Contrôle total
Tu décides des features, des backups, des mises à jour. Si une app ajoute une fonctionnalité que tu détestes, tu n’es pas obligé de l’installer.

3. Apprentissage
Tu comprends comment fonctionne Internet « pour de vrai ». Serveurs, réseaux, bases de données, reverse proxy… tout devient concret.

4. Économies à long terme
Tu paies 10€/mois pour Google One, 10€/mois pour Dropbox, 5€/mois pour un gestionnaire de mots de passe… Avec un VPS à 10€/mois, tu héberges tout.

5. Satisfaction personnelle
Oui, c’est geek, mais c’est satisfaisant de dire « J’ai mon propre cloud » au lieu de « Je suis sur iCloud ».

À savoir :
L’auto-hébergement n’est pas une religion. Tu peux mélanger : garder Gmail pour les mails importants, mais héberger ton Nextcloud pour tes fichiers. L’important, c’est de choisir consciemment.


Les 3 façons de se lancer dans l’auto-hébergement

Option 1 : Le homelab physique (chez toi)

C’est quoi ?
Un serveur ou mini-PC qui tourne 24/7 chez toi, dans un placard, sous ton bureau, ou dans une vraie baie serveur si tu veux faire les choses bien.

Matériel recommandé selon ton budget :

Budget mini (~100€)

Avantages : Consommation électrique très faible (3-5W), silencieux, parfait pour débuter.
Limites : RAM limitée, pas de virtualisation avancée.

Budget intermédiaire (~250€)

  • Mini-PC Intel N100 (type Beelink, GMKtec) : ~200€
    • 16 Go RAM
    • 512 Go SSD NVMe
    • Consommation ~15W
  • Total : ~200-250€

Avantages : Bien plus puissant qu’un Raspberry Pi, peut faire tourner 10-15 services Docker facilement.
Limites : Pas extensible (RAM/stockage soudés sur certains modèles).

Budget confirmé (~500€)

  • Serveur Dell PowerEdge ou HP ProLiant d’occasion : ~300-500€
    • 32-64 Go RAM
    • Plusieurs disques durs (RAID possible)
    • Processeur Xeon
  • Total : ~300-500€ + électricité (~20-30€/mois)

Avantages : Puissance énorme, RAID matériel, évolutif, peut virtualiser des dizaines de VMs.
Limites : Bruyant, consomme beaucoup, prend de la place.

Avantages du homelab physique

Données 100% chez toi : Aucun tiers n’a accès
Pas de coûts mensuels récurrents : Juste l’électricité
Idéal pour apprendre : Tu touches le matériel, tu comprends mieux
Extensible : Tu peux ajouter des disques, de la RAM

Inconvénients du homelab physique

Dépend de ta connexion Internet : Si ta box plante, tes services sont inaccessibles de l’extérieur
Consommation électrique : Entre 5€/mois (Raspberry) et 30€/mois (gros serveur)
Bruit : Les vrais serveurs sont bruyants (ventilateurs)
Configuration réseau : Il faut ouvrir des ports sur ta box (ou utiliser un VPN)

Pour qui ?
Les curieux qui veulent comprendre le matériel, ceux qui ont une bonne connexion fibre, les paranos de la vie privée, ceux qui aiment bidouiller.


Option 2 : Le VPS (serveur cloud)

C’est quoi ?
Un serveur virtuel loué chez un hébergeur, accessible 24/7 depuis Internet, avec une vraie adresse IP publique.

Hébergeurs recommandés (testés personnellement) :

HébergeurPrix/moisRAMCPUStockageBande passanteIdéal pour
Hostinger VPS8,99€4 Go2 vCPU100 Go NVMeIllimitéeDébutants, support FR
Contabo VPS S5,99€4 Go2 vCPU100 Go SSD32 To/moisMeilleur rapport qualité/prix
Hetzner CPX114,51€2 Go2 vCPU40 Go NVMe20 To/moisMinimaliste, datacenter DE
OVH VPS Starter6€2 Go1 vCPU40 Go SSDIllimitéeSupport FR, datacenter FR

Mon choix perso : Contabo pour le rapport qualité/prix, ou Hostinger si tu veux du support en français.

Avantages du VPS

Toujours accessible : Bande passante illimitée, uptime 99,9%
Pas de matériel à gérer : Pas de panne hardware, pas de bruit
Backups automatiques disponibles : Souvent en option
Idéal si ta connexion Internet est pourrie
Évolutif : Tu peux upgrader RAM/CPU en 2 clics

Inconvénients du VPS

Coût mensuel récurrent : Entre 5€ et 20€/mois selon tes besoins
Données hébergées chez un tiers : Même si tu les contrôles, elles ne sont pas physiquement chez toi
Limites de stockage : Si tu veux stocker 2 To de photos, ça coûte cher

Pour qui ?
Ceux qui veulent des services accessibles de partout, les débutants qui n’ont pas de matériel, ceux qui testent avant d’investir dans du physique, ceux qui veulent un serveur « qui marche » sans se prendre la tête.

Important : Si tu choisis un VPS, commence directement par sécuriser ton serveur. J’ai un guide complet sur la sécurisation d’un serveur Linux que tu devrais lire avant de faire quoi que ce soit d’autre.


Option 3 : Le combo gagnant (homelab + VPS)

C’est quoi ?
Héberger chez toi les services « lourds » (fichiers, médias), et sur un VPS les services « critiques » (mails, monitoring, reverse proxy).

Exemple de setup combo :

Chez toi (homelab)

  • Nextcloud : Stockage de fichiers (Go illimités)
  • Jellyfin : Serveur média (films, séries)
  • Immich : Backup photos (ta bibliothèque complète)
  • Paperless-ngx : GED documentaire

Sur VPS

  • Uptime Kuma : Monitoring de tous tes services
  • WireGuard : VPN pour accéder à ton homelab de l’extérieur
  • Nginx Proxy Manager : Reverse proxy central
  • Vaultwarden : Gestionnaire de mots de passe (critique)

Avantages du combo

Le meilleur des deux mondes
Résilience : Si ta box tombe, les services critiques restent up
Optimisation des coûts : Stockage massif chez toi, services légers sur VPS
Sécurité renforcée : Ton homelab n’est pas directement exposé sur Internet

Inconvénients du combo

Plus complexe à gérer au début
Coût combo : Matériel + VPS (~15-25€/mois + investissement initial)
Nécessite de bonnes connaissances réseau (VPN, tunnels, reverse proxy)

Pour qui ?
Les utilisateurs confirmés qui veulent une vraie infrastructure, ceux qui autohébergent « sérieusement », les admins sys qui veulent reproduire une infra pro à la maison.


Les prérequis avant de commencer

Avant de te lancer tête baissée, voici ce que tu dois avoir (ou apprendre).

Compétences techniques

Niveau débutant (suffisant pour commencer)

  • ✅ Savoir te connecter en SSH à un serveur
  • ✅ Comprendre les bases de Linux (cd, ls, mkdir, nano)
  • ✅ Ne pas paniquer devant le terminal noir
  • ✅ Savoir chercher une erreur sur Google (oui, c’est une compétence)

Niveau intermédiaire (pour aller plus loin)

  • ✅ Maîtriser Docker et docker-compose
  • ✅ Comprendre les bases des réseaux (IP, ports, DNS, NAT)
  • ✅ Savoir lire des logs d’erreur et débugger
  • ✅ Configurer un firewall (UFW, iptables)

Niveau avancé (pour les architectures complexes)

  • ✅ Proxmox et virtualisation
  • ✅ Reverse proxy (Nginx, Traefik)
  • ✅ VPN (WireGuard, OpenVPN)
  • ✅ Orchestration (Docker Swarm, Kubernetes)

Si tu débutes :
Pas de panique ! Chaque article que je publie est pensé pour les débutants. Tu apprendras au fur et à mesure. Rome ne s’est pas faite en un jour, et ton homelab non plus.


Matériel / Budget

Setup minimal homelab (~105€)

  • Raspberry Pi 4 (8 Go) → ~80€
  • Carte SD 64 Go → ~15€
  • Alimentation → ~10€
  • Total : ~105€

Ce que tu peux faire avec :

  • Nextcloud (cloud perso léger)
  • Vaultwarden (mots de passe)
  • Uptime Kuma (monitoring)
  • Pi-hole (blocage pub réseau)

Setup minimal VPS (~82€/an)

  • Contabo VPS S → 5,99€/mois
  • Nom de domaine (.fr ou .com) → ~10€/an
  • Total : ~82€/an (soit 6,83€/mois)

Ce que tu peux faire avec :

  • Tous les services Docker légers
  • Reverse proxy avec SSL
  • 5-10 services simultanés

Setup intermédiaire homelab (~300€)

  • Mini-PC Intel N100 → ~200€
  • Disque dur externe 2 To → ~60€
  • Switch réseau Gigabit → ~20€
  • Total : ~280€

Ce que tu peux faire avec :

  • 10-15 services Docker
  • Proxmox avec plusieurs VMs
  • Stockage confortable

Connexion Internet

Pour homelab physique (obligatoire)

  • Fibre ou ADSL stable : Upload > 10 Mbps recommandé (5 Mbps minimum)
  • IP publique : La plupart des box grand public l’ont
  • Accès à l’interface de ta box : Pour ouvrir des ports ou configurer le DMZ
  • Pas de CGNAT : Si ton FAI utilise le Carrier-Grade NAT, l’auto-hébergement devient compliqué

Comment vérifier ton upload ?
Va sur Fast.com ou nPerf et regarde la vitesse d’upload.

Pour VPS (aucune contrainte)

N’importe quelle connexion suffit. Même une 4G pourrie, car tu administres le serveur, tu ne l’héberges pas physiquement.


Les 5 premiers services à auto-héberger (par ordre de difficulté)

1. Uptime Kuma — Monitoring ultra-simple 🟢

C’est quoi ?
Un outil de monitoring pour vérifier que tes services sont bien en ligne. Interface magnifique, notifications par email/Discord/Telegram.

Pourquoi commencer par ça ?

  • Installation en 2 minutes
  • Interface visuelle splendide
  • Utile dès le début pour surveiller tout le reste
  • Tu vois immédiatement si un service tombe

Difficulté : 🟢 Débutant
Docker : Oui, installation triviale
RAM nécessaire : 512 Mo

Ce que tu vas apprendre :

  • Lancer un conteneur Docker
  • Accéder à une interface web
  • Configurer des checks HTTP/HTTPS

2. Nextcloud — Ton cloud personnel 🟡

C’est quoi ?
L’alternative open source à Google Drive / Dropbox. Synchronisation de fichiers, calendrier, contacts, notes, galerie photos.

Pourquoi ?
C’est LE service signature de l’auto-hébergement. Si tu n’héberges qu’un seul service dans ta vie, c’est celui-là.

Difficulté : 🟡 Intermédiaire
Docker : Oui, avec base de données
Espace disque : Selon tes besoins (100 Go+ recommandé)
RAM nécessaire : 2 Go minimum

Ce que tu vas apprendre :

  • Déployer une app avec base de données
  • Configurer un reverse proxy
  • Gérer des volumes Docker
  • Synchroniser des fichiers entre devices

Apps recommandées à installer :

  • Memories (alternative Google Photos)
  • Contacts
  • Calendar
  • Notes

3. Vaultwarden — Gestionnaire de mots de passe 🟢

C’est quoi ?
Une version allégée de Bitwarden (mais 100% compatible avec toutes les apps officielles Bitwarden). Stocke tous tes mots de passe de manière chiffrée.

Pourquoi ?
Fini les mots de passe « 123456 » réutilisés partout. Et contrairement à LastPass, tu gardes le contrôle total de tes identifiants.

Difficulté : 🟢 Débutant
Docker : Oui, très simple
RAM nécessaire : 512 Mo suffisent

Ce que tu vas apprendre :

  • Auto-héberger un service critique de sécurité
  • Configurer HTTPS (obligatoire pour les apps mobiles)
  • Gérer des tokens d’admin

Apps disponibles :

  • Extension navigateur (Chrome, Firefox, Safari)
  • Apps mobiles (iOS, Android)
  • Apps desktop (Windows, Mac, Linux)

4. Jellyfin — Ton Netflix maison 🟡

C’est quoi ?
Un serveur média pour tes films, séries, musique. Open source, sans télémétrie, sans pub.

Pourquoi ?
Parce que c’est satisfaisant d’avoir son propre Netflix avec sa bibliothèque perso. Et c’est légal si tu possèdes les médias.

Difficulté : 🟡 Intermédiaire
Docker : Oui
Espace disque : Beaucoup (dépend de ta bibliothèque)
RAM nécessaire : 2 Go minimum (4 Go si transcodage)

Ce que tu vas apprendre :

  • Organiser une bibliothèque média
  • Configurer les métadonnées automatiques (TMDB, TVDB)
  • Gérer les profils utilisateurs
  • Transcoder à la volée (si ton CPU le supporte)

5. Immich — Alternative à Google Photos 🟡

C’est quoi ?
Une app de backup et d’organisation de photos avec reconnaissance faciale, géolocalisation, et recherche intelligente. Le Google Photos qu’on peut héberger chez soi.

Pourquoi ?
Google Photos, c’est pratique, mais tes photos sont analysées par leurs algos (et potentiellement utilisées pour entraîner des modèles). Immich fait pareil, mais chez toi.

Difficulté : 🟡 Intermédiaire
Docker : Oui, avec plusieurs conteneurs
Espace disque : Selon ta bibliothèque photo (50 Go+ minimum)
RAM nécessaire : 4 Go minimum

Ce que tu vas apprendre :

  • Déployer une stack complexe (app + base de données + Redis + machine learning)
  • Configurer l’upload automatique mobile
  • Gérer les albums partagés

Apps mobiles :
iOS et Android, avec synchronisation automatique en arrière-plan.


Erreurs fréquentes des débutants (et comment les éviter)

❌ Erreur 1 : Tout exposer sur Internet sans sécurité

Le problème :
Tu ouvres tous les ports sur ta box (22 pour SSH, 80/443 pour HTTP/HTTPS, et 15 autres), tu mets des mots de passe faibles, et en moins de 24h, tu te fais scanner par des bots du monde entier.

Les symptômes :

  • Des milliers de tentatives de connexion SSH dans les logs
  • Des scans de ports automatiques
  • Dans le pire des cas : ton serveur devient un bot dans un botnet

La solution :

  1. Utilise un VPN (WireGuard ou Tailscale) pour accéder à tes services
  2. Ou un reverse proxy avec authentification (Nginx Proxy Manager + Authelia)
  3. Change le port SSH (22 → 2222 par exemple)
  4. Installe Fail2ban pour bannir les IPs suspectes
  5. Utilise des clés SSH au lieu de mots de passe

Important : Lis absolument mon guide sur comment sécuriser un serveur Linux avant d’exposer quoi que ce soit sur Internet.


❌ Erreur 2 : Pas de backups

Le problème :
Ton disque dur lâche, et tu perds 3 ans de photos de famille, tous tes mots de passe, et ta config Nextcloud.

Les symptômes :

  • Panique totale
  • Dépression post-perte-de-données
  • Promesse à soi-même de « ne plus jamais recommencer »

La solution :
Respecte la règle du 3-2-1 :

  • 3 copies de tes données
  • Sur 2 supports différents (disque local + cloud/NAS)
  • 1 copie hors site (chez un pote, cloud chiffré, ou datacenter)

Outils de backup recommandés :

  • Restic : Backups incrémentaux chiffrés vers cloud (Backblaze B2, Wasabi, S3)
  • Duplicati : Interface web, compatible tous les clouds
  • Proxmox Backup Server : Si tu utilises Proxmox
  • Rsync + Cron : La méthode old-school qui marche toujours

Fréquence recommandée :

  • Données critiques (mots de passe, configs) : Quotidien
  • Photos/documents : Hebdomadaire
  • Médias (films/séries) : Pas besoin (tu peux les re-télécharger)

❌ Erreur 3 : Vouloir tout faire d’un coup

Le problème :
Tu installes 15 services le premier jour, tu ne comprends rien à comment ils communiquent, tu mélanges tout, et tu abandonnes par frustration.

Les symptômes :

  • Terminal ouvert avec 20 onglets
  • 15 docker-compose.yml que tu ne comprends pas
  • Confusion totale entre les ports, les volumes, les réseaux
  • Démotivation

La solution :
Commence par UN service à la fois. Maîtrise-le complètement avant de passer au suivant.

Ordre recommandé :

  1. Semaine 1 : Uptime Kuma (monitoring)
  2. Semaine 2 : Portainer (gestion Docker)
  3. Semaine 3 : Nextcloud ou Vaultwarden
  4. Semaine 4 : Nginx Proxy Manager + HTTPS
  5. Puis : Les autres services au fur et à mesure

Philosophie : Mieux vaut 3 services qui marchent bien qu’on comprend, que 15 services cassés qu’on ne maîtrise pas.


❌ Erreur 4 : Négliger la documentation

Le problème :
Tu installes tout de tête, sans rien noter. 6 mois plus tard, un service plante, et tu ne sais plus comment tu l’avais configuré.

Les symptômes :

  • « Mais j’avais fait comment déjà pour configurer ça ? »
  • Impossibilité de reproduire une install
  • Perte de temps énorme en reverse-engineering

La solution :
Documente TOUT au fur et à mesure, même si ça te semble évident.

Outils de documentation :

  • Notion : Base de connaissances perso
  • Obsidian : Notes markdown locales
  • Un simple fichier README.md dans chaque dossier de service
  • Bookstack : Wiki auto-hébergé

Ce qu’il faut noter :

  • Les commandes utilisées
  • Les fichiers de config modifiés
  • Les ports utilisés par chaque service
  • Les mots de passe (dans un gestionnaire chiffré, évidemment)
  • Les problèmes rencontrés et leurs solutions

❌ Erreur 5 : Ignorer les logs

Le problème :
Un service ne marche pas, tu cherches pendant des heures sur Google, alors que l’erreur est clairement indiquée dans les logs.

Les symptômes :

  • Perte de temps énorme
  • Frustration
  • Sentiment d’impuissance

La solution :
LIS LES LOGS AVANT TOUT LE RESTE.

# Docker
docker logs nom-conteneur
docker logs -f nom-conteneur  # Mode suivi en temps réel

# Système Linux
sudo journalctl -u nom-service
sudo tail -f /var/log/syslog

Méthode de debug :

  1. Lis les logs
  2. Cherche « ERROR », « FATAL », « FAILED »
  3. Google l’erreur exacte (copie-colle le message)
  4. 9 fois sur 10, tu trouveras la solution

La checklist pour démarrer (étape par étape)

✅ Semaine 1 : Préparer le terrain

Objectif : Avoir un serveur Linux propre et sécurisé.

  1. Choisir entre homelab ou VPS
    • Homelab si : bonne connexion, envie de toucher le matériel
    • VPS si : connexion pourrie, veut que « ça marche », pas de matos
  2. Installer Ubuntu Server 22.04 LTS ou 24.04 LTS
    • Pourquoi Ubuntu ? Large communauté, beaucoup de tutos, support long
    • Pas Debian/CentOS pour débuter (plus complexes)
  3. Configurer SSH et sécuriser le serveur
  4. Installer Docker et Docker Compose
    • Docker simplifie TOUT
    • On verra comment dans le prochain article dédié

Checkpoint :
À la fin de la semaine 1, tu dois pouvoir te connecter en SSH sur ton serveur, et avoir Docker installé.


✅ Semaine 2 : Premier service

Objectif : Déployer ton premier service et comprendre Docker.

  1. Installer Uptime Kuma
    • Service le plus simple
    • Interface web magnifique
    • Utile pour surveiller tes futurs services
  2. Configurer un nom de domaine (optionnel mais recommandé)
    • Acheter un .fr ou .com (~10€/an)
    • Pointer un sous-domaine vers ton serveur (A record)
    • Ou utiliser un service DNS dynamique gratuit (DuckDNS, No-IP)
  3. Tester l’accès depuis Internet
    • Via IP : http://ton-ip:3001
    • Via domaine : http://uptime.tondomaine.com:3001
    • Ou via VPN (Tailscale/WireGuard)

Checkpoint :
Tu as un service qui tourne, tu y accèdes depuis ton navigateur, tu comprends comment Docker fonctionne.


✅ Semaine 3 : Cloud personnel

Objectif : Auto-héberger Nextcloud et migrer tes premiers fichiers.

  1. Installer Nextcloud avec Docker Compose
    • Suivre un tuto complet (j’en prépare un dédié)
    • Configurer la base de données
    • Activer HTTPS (Let’s Encrypt)
  2. Configurer la synchronisation sur ton téléphone
    • Installer l’app Nextcloud (iOS/Android)
    • Synchroniser un dossier test
  3. Migrer quelques fichiers depuis Google Drive
    • Commencer petit (photos de vacances, documents)
    • Tester la synchronisation
    • Vérifier que les backups fonctionnent

Checkpoint :
Tu as ton propre cloud opérationnel, tu synchronises des fichiers, tu comprends l’intérêt de l’auto-hébergement.


✅ Semaine 4 : Sécurité et backups

Objectif : Mettre en place des backups automatiques et renforcer la sécurité.

  1. Mettre en place des backups automatiques
    • Script rsync quotidien
    • Ou Restic vers Backblaze B2
    • Tester la restauration (backup qu’on ne teste pas = backup qui n’existe pas)
  2. Installer Fail2ban ou Crowdsec
    • Bannir les IPs qui tentent de se connecter en force brute
    • Consulter les logs pour voir l’activité
  3. Documenter ton setup
    • Créer un fichier README.md par service
    • Noter les commandes importantes
    • Sauvegarder tes fichiers de config

Checkpoint :
Ton infrastructure est sécurisée, backupée, documentée. Tu peux continuer à ajouter des services sereinement.


Ressources pour aller plus loin

📚 Articles complémentaires sur ce site

🌐 Communautés francophones

  • r/selfhosted (Reddit, en anglais mais très actif) : LA communauté mondiale
  • Homelab FR (Discord) : Communauté francophone bienveillante
  • LinuxFR : Forum historique, très actif
  • Serveur Discord « Auto-hébergement FR » : Questions/réponses en temps réel

📖 Guides externes

📺 Chaînes YouTube recommandées

🛠️ Outils utiles


Conclusion : Prêt à devenir indépendant ?

L’auto-hébergement, c’est pas juste un hobby de geek. C’est reprendre le contrôle de ta vie numérique, apprendre comment fonctionne vraiment Internet, et arrêter de dépendre de grosses entreprises qui monétisent tes données.

Est-ce que c’est plus simple de rester sur Google Drive ? Oui.
Est-ce que c’est plus satisfaisant d’héberger ton propre cloud ? Absolument.

Ce que tu vas gagner

1. Compétences techniques
Tu vas apprendre Linux, Docker, réseaux, sécurité… Des compétences valorisables professionnellement.

2. Indépendance
Tu ne dépends plus des GAFAM. Tes données sont chez toi.

3. Économies
À long terme, auto-héberger coûte moins cher que 10 abonnements SaaS.

4. Satisfaction
Le sentiment d’avoir construit quelque chose de A à Z, c’est irremplaçable.

La suite du programme

Dans les prochains articles, on va rentrer dans le concret :

  1. Docker pour les nuls : 10 services à auto-héberger → Exemples docker-compose prêts à l’emploi
  2. Proxmox : Installation complète pour homelab → Virtualisation avancée
  3. Nextcloud de A à Z avec reverse proxy → Setup complet
  4. WireGuard : VPN pour accéder à ton homelab → Accès distant sécurisé

Première étape :
Choisis ton hébergement (homelab ou VPS), installe Ubuntu, sécurise-le, et reviens lire l’article sur Docker.

Tu hésites encore ? Pose tes questions en commentaires, je réponds à tout. 👇


FAQ : Les questions que tout le monde se pose

C’est vraiment nécessaire d’avoir des compétences en Linux ?

Non, mais c’est un gros plus. Si tu sais te connecter en SSH et taper 3 commandes basiques (cd, ls, nano), tu peux déjà faire beaucoup. Le reste s’apprend en pratiquant. J’ai commencé avec zéro connaissance Linux, et maintenant j’administre plusieurs serveurs.

Ça coûte combien par mois ?

Entre 0€ (vieux PC recyclé) et 20€/mois (VPS confortable). La plupart des gens dépensent 5-10€/mois pour un VPS de base, ce qui est moins cher que Google One (100 Go) + Dropbox + LastPass réunis.

C’est légal d’héberger ses propres services ?

Oui, évidemment. Tant que tu ne fais rien d’illégal avec (comme héberger du contenu piraté, faire du phishing, etc.), aucun souci. Tu as le droit d’héberger ce que tu veux chez toi ou sur un serveur que tu loues.

Mon FAI va me bloquer si j’héberge un serveur ?

Q : Mon FAI va me bloquer si j’héberge un serveur ?
R : Non. Par contre, certains FAI grand public bloquent les ports 25 (mail), 80 et 443 (HTTP/HTTPS) pour éviter les serveurs « sauvages ». Solutions :
Utiliser un VPN (WireGuard, Tailscale)
Passer par un reverse proxy cloud (Cloudflare Tunnel)
Utiliser des ports non-standards (8080, 8443)
Demander à ton FAI de débloquer (parfois possible)

Mes données sont-elles vraiment plus en sécurité chez moi ?

Oui ET non.
Oui : Personne d’autre que toi n’y a accès, pas de scan automatique pour de la pub
Non : Google/Microsoft ont des équipes de sécurité énormes, toi non
La vraie question c’est : qui veux-tu qui ait accès à tes données ? Des entreprises qui les analysent et les monétisent, ou toi-même avec le risque d’une faille que tu ne verrais pas ?
Pour 99% des gens, l’auto-hébergement bien sécurisé est largement suffisant.

Que se passe-t-il si mon disque dur tombe en panne ?

C’est pour ça que les backups existent. Règle du 3-2-1 (3 copies, 2 supports, 1 hors site). Si tu respectes ça, une panne hardware n’est qu’un désagrément temporaire, pas une catastrophe.

Puis-je auto-héberger mes mails ?

Techniquement oui, mais c’est déconseillé pour les débutants. Héberger ses mails, c’est :
Complexe à configurer (SPF, DKIM, DMARC)
Risqué (si ton serveur tombe, tu ne reçois plus de mails)
Difficile à maintenir (blacklists, délivrabilité)
Mon conseil : commence par d’autres services (cloud, mots de passe, médias), et reviens aux mails quand tu seras confirmé. Ou utilise un service mail respectueux de la vie privée (ProtonMail, Tutanota) en attendant.

Docker ou installation native ?

Docker, sans hésiter. C’est plus simple, plus rapide, plus portable, et tu peux tout supprimer en 2 secondes sans laisser de traces. L’installation native est utile seulement pour des cas très spécifiques (performance maximale, serveur de prod critique).

Combien de temps ça prend pour tout mettre en place ?

Setup de base (serveur + Docker) : 2-3h
Premier service (Uptime Kuma) : 15 minutes
Service complexe (Nextcloud) : 1-2h la première fois
Infrastructure complète (10 services) : 1-2 mois en y allant progressivement

Puis-je utiliser Windows ou macOS comme serveur ?

Techniquement oui, mais fortement déconseillé. Linux est fait pour ça : léger, stable, gratuit, énorme communauté. Windows Server coûte cher en licences, et macOS n’est pas fait pour tourner 24/7.
Si tu veux absolument, utilise WSL2 sur Windows, mais franchement, une VM Linux, c’est mieux.

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